Travaux Personnels Encadrés
Sujet : LA COLLECTE DES EAUX USÉES.
''Comment l'entretien et les mesures de sécurité et d'hygiène dans les égouts de Mulhouse répondent-ils aux problèmes liés à la collecte des eaux usées ?''

L'histoire des égouts de Mulhouse à travers le temps

Le but le plus immédiat d'un réseau d'égout municipal à Mulhouse était l'évacuation des eaux de la ville, c'est-à-dire l'éloignement de toutes les eaux qui avaient servi dans les habitations ou dans l'industrie (Mulhouse était une ville très industrialisée fin XIXème siècle). Deux autres problèmes sont venus se greffer sur celui-là: l'abduction des eaux de pluie et le drainage des eaux souterraines qui peuvent innonder les caves. Plus tard est venu s'ajouter à ces problèmes, conformément aux principes de l'hygiène publique, un autre problème, à savoir l'assainissement du sol habité, c'est-à-dire la suppression des saletés parsemées dans la ville, et, par suite, la purification de l'air que les gens réspiraient dans les rues, sur les places, dans les habitations.
C'étaient là des problèmes difficiles. Leur solution exigeait de la part de la municipalité un effort considérable et du dévouement, et, de la part de tous les citoyens, de la copération. Tout cela n'était pas impossible, mais au contraire réalisable, comme le prouvait, en terme de statistiques, la diminution de la mortalité dans toutes les villes qui étaient dotées d'un système de canalisation. Les exemples de ce genre étaient nombreux, tant en Angleterre, le pays d'origine de la canalisation moderne, qu'en France et ailleurs. On peut citer ici une statistique dont l'exactitude peut être contrôlée facilement; à Berlin, au moment de l'établissement des égouts, la mortalité était:


En 1872, de 31 par millier d'habitants
AnNbr de décèsPar propriétés
raccordées aux égouts.
1876291000
1879273500
1880297500
1882269800
18872218000
18892219000
18902020000
189517.524500

Même si ces résultats, qui étaient favorables, n'étaient pas dûs uniquement à l'établissement d'une canalisation, ils étaient néanmoins une conséquence immédiate de l'amélioration qui était résultée. Par ailleurs, il faut savoir que ce n'est que peu à peu que les canalisations (réseaux d'assainissement) ont permis de rendre possible des résultats aussi favorables.

La cloaca maxima de Rome, prouvait en faveur de l'ancienneté de grands canaux abducteurs, mais ceux-ci ne pouvaient plus répondre aux exigences de l'époque, bien que les établissements de bains et de distribution d'eau de l'antiquité mérient encore aujourd'hui notre approbation et admiration.
Le Moyen Âge, quant à lui, se se contentait en matière d'hygiène, des arrangements les plus primitifs. Un progrès avait été réalisé par la construction de canaux souterrains pour l'évacuation des eaux de pluie et des eaux ménagères, la question des matières fécales restant non considérée. Puis, la solution au problème fit un pas de plus par la séparation des matières fécales liquides des matières solides et leur déversement dans les canaux conduisant les autres eaux. Ce système fut perfectionné par Liernur, qui réunissait les eaux de pluie et les eaux ménagères dans des rigoles ou dans des canaux souterrains, alors que les matières fécales, solides et liquidies, se déversaient dans d'autres conduits et étaient aspirées pneumatiquement pour se rassembler dans un réservoir collecteur. Une caserne à Prague, et plusieurs quartiers des villes d'Amsterdam, de Leyde et de Dordrecht entre autres, étaient munies de ce système, qui, plus tard fut encore perfectionné par Berlier, à Paris, et appliqué à une grande caserne de cette ville. Nous ne pouvons pas rentrer dans les détails quant au fonctionnement d'un pareil système. Nous pouvons juste mentionner le fait que ses frais d'établissement étaient élevés et que, de plus, son exploitation était compliquée et sujette à des dérangements.
Enfin, nous pouvons parler du système américain de séparation où l'eau de pluie, seule ou mélangée aux eaux ménagères était évacuée dans des rigoles ou dans les canaux, alors que les matières fécales se rassemblaient dans des canaux à part, qui au moyen d'un sytème approprié d'appareils de chasse, étaient purgés périodiquement, de sorte qu'il était possible de donner à ces canaux des sections minimes. L'eau se rassemblait dans les appareils de chasse jusqu'à un certain niveau et se déversait alors automatiquement, à intervalles réguliers, dans les tuyaux d'évacuation qui se trouvaient ainsi nettoyés. Ce système avait les mêmes inconvénients que le précédent: il était compliqué et son maniement était difficile. Nous en arrivons ainsi au système du tout-à-l'égout (en allemand Schwemsystem), où toutes les eaux et les matières fécales se déversaient dans des canaux souterrains, rincés au moyen d'eau.
Comme dans ce système, la gravitation seule agissait presque exclusivement sur les liquides; le tracé du réseau devait être établi avec le plus grand soin, surtout dans des villes présentant peu de pente naturelle.
Considérons donc, tout d'abord, la manière dont avait été projetée la canalisation de la ville de Mulhouse qui nous occupe. Le projet avait établi sur les bases suivantes:

1° Il s'agissait d'évacuer, au moyen d'un réseau d'égouts répartis sur toute la ville:
  • toutes les eaux ménagères
  • l'eau de pluie
  • les eaux industrielles partiellement
  • les matières fécales
2° Tous les cours d'eau traversant la ville, soit à ciel ouvert, soit dans des canaux voûtes, et qui avaient servi jusqu'à présent, non sans de graves inconvénients, de dépôts à toutes sortes de liquides, ainsi que les quelques égouts existants, devaient être comblés.

Tous les désagréments engendrés par l'absence des égouts se révélaient incompatibles avec une ville comme Mulhouse. La construction du réseau d'égouts de Mulhouse s'est réalisée dans les années 1900 et a été financée par l'état. Le réseau s'est agrandi jusqu'en 1972 suite à l'élargissement de la ville.
Le réseau est composé de cinq égouts principaux, chargés de collecter toutes les eaux usées. A ces égouts principaux sont rattachés des égouts secondaires, utilisant le mieux possible les pentes naturelles du terrain, faisant suivre à l'eau le chemin le plus court et enfin ménageant le plus possible la faculté de pouvoir rincer les égouts au moyen d'eau de rivière introduite depuis l'extérieur.


Tableau des quantités
d'eaux usées evacuées

Plan ancien
des égouts de la ville de Mulhouse

Au réseau d'assainissement même s'est ajoutée la possibilité d'établir des chasses d'eau, afin d'évacuer les matières fécales. Ces chasses s'établissant en fermant au moyen de vannes les égouts situés en amont de manière à accumuler l'eau qu'on laisse ensuite s'échapper en ouvrant brusquement les vannes.
Celles-ci sont montées dans les regardes servants à la révision des canalisations. Tous les égouts sont raccordés au moyen de tels ouvrages. Ce sont des puits maçonnés et accessibles, atteignant le fond de l'égout; ils sont situés au croisement des rues, où les extrémités des égouts y aboutissent, ainsi que sur les parcours des égouts d'une certaine longueur, où leur écartement varie entre soixante et cent mètres. Entre deux de ces regards, l'écartement est rectiligne et a une pente uniforme, de sorte que l'on peut voir d'un regard à l'autre et se rendre compte à tout moment de l'état des égouts. Ces inspections sont nécessaires si l'on veut que le fonctionnement du réseau soit régulier et ininterrompu.
Si donc on laisse arriver l'eau de chasse en plusieurs endroits dans la partie supérieure du réseau, les vannes permettent, dans de certaines limites, de lancer cette eau dans les directions les plus variées et l'on peut la faire arriver avec une force encore considérable dans des parties même très éloignées du point d'accès de chasse.
Si au cours d'un été particulièrement sec, il devenait impossible d'établir des chasses, en considérant les parties supérieures du réseau comme des réservoirs qui se remplissent graduellement pour se vider brusquement, il faudrait se servir de la distribution d'eau.

En outre, les égouts doivent être non seulement décrassés et rincés, mais encore correctement ventillés. les moyens qui permettent d'y arriver, tels que des ouvertures dans les couvercles des regards, des conduites s'embranchant sur les égouts et se prolongeant à travers les maisons jusque sur les toits, sont nombreux. Les tabourets syphons (avalloirs de rue) déstinés à transférer les eaux provenant de la chaussée dans les égouts, sans déverser de solides, empêchant, au moyen d'une fermeture hydraulique, que l'air des égouts se dégage dans les rues. Ces dépotoirs peuvent être vidés rapidement et à peu de frais et sont insensibles aux gelées. On en compte environ 22000 dans Mulhouse et ses environs actuellement.


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